Saveur et Santé
LEGENDE DU THE
C'est en Chine que s'est développé l'art de préparer le thé, personne en revanche ne sait avec certitude quand cela commença. Les disciples du Ch'an (Zen) attribuent non sans humour à Bodhidharma l'origine du thé, mais peu de gens raisonnables prennent cela au sérieux. On dit que le moine indien qui introduisit la forme Zen du Bouddhisme en Chine vers l'an 520 se serait coupé les paupières pour ne pas s'endormir pendant la méditation. La légende continue en disant que lorsqu'elles tombèrent, une plante appelée ch'a, dont les feuilles ressemblent à des paupières, poussa de la terre et donna aux méditants le moyen de rester éveillés. En réalité, on buvait du thé plusieurs siècles avant l'époque de Bodhidharma. La croyance populaire attribue la découverte du thé au divin Empereur Shên Nung (2737-2697 av. J.-C.) appelé " le père de l'agriculture " qui, selon la légende, testa plusieurs centaines de plantes; mais cela relève du mythe plus que de l'histoire. Vers l'époque de Confucius (VIe s. av. J.-C.) on utilisait régulièrement une plante appelée t'u pour les offrandes funéraires. Le caractère chinois pour cette plante ressemble à celui désignant ch'a (thé) et on les confond souvent, mais les spécialistes du thé chinois affirment que t'u est en fait ce que nous appelons parfois de nos jours « le thé amer » - une herbe qui, du point de vue botanique, n'a aucun rapport avec la famille du thé. Quoi qu'il en soit, on peut affirmer sans crainte de se tromper que le thé fut connu à l'époque des Trois Royaumes (222-277). Durant la période des Six Dynasties (386-589) L'habitude de boire du thé se répandit rapidement dans le sud et plus lentement dans le nord de la Chine. Nous pouvons donc supposer que l'on prépara du thé pour la première fois dans les premières années de l'ère chrétienne, si ce n'est plus tôt; mais il fallut attendre la glorieuse dynastie T'ang pour que s'élabore l'art du thé et qu'il prenne place aux côtés de la peinture, de la calligraphie, de la poésie, de l'art de jouer du luth, du wei-chi (une sorte de jeu d'échecs qui se joue avec 360 pièces), des arts martiaux, des réunions pour apprécier l'encens, de l'art du jardinier paysagiste et d'autres passe-temps d' érudits.
Le thé, que l'on buvait à l'origine pour ses propriétés médicinales, était déjà devenu une boisson très à la mode dans les cercles de la cour au début de la période T'ang; et l'on peut penser que l'habitude s'en répandit rapidement dans toutes les classes de la population puisqu'elle fut bientôt reprise par les Mongols, les Tartares, les Turcs et les nomades tibétains qui vivaient au nord et à l'ouest des frontières chinoises. En fait, le thé devint bientôt un élément essentiel du régime des nomades dont la nourriture consistait uniquement de viande et de produits laitiers; le thé bu en grande quantité se révéla être un remède satisfaisant pour les maladies dues au manque de légumes et de fruits. Quant à ce que l'on peut, à proprement parler, appeler l'art du thé, il fut institué par celui que l'on nommera plus tard « le Dieu du thé ».
Après l'époque T'ang, la plus grande partie de la Chine fut gouvernée pour un temps par les envahisseurs tartares. Toutefois, en 960 une nouvelle dynastie, les Song, parvint presque à égaler la splendeur des T'ang. L'art du thé s'éleva à de nouvelles cîmes encouragé par l'empereur Hui Tsung (1101-1125) troisième plus importante figure dans l'histoire du thé.
Bien que le thé du tribut continua de se présenter sous forme de gâteaux, le thé en feuilles comme celui que nous utilisons de nos jours commençait à devenir populaire. La source préférée des feuilles de thé avait changé de même que les sources favorites d'eau pure. Le commerce avec les tribus vivant aux confins de l'empire était devenu si important que le thé, troqué normalement contre des chevaux des steppes, pouvait aussi être utilisé pour dominer ces nomades sauvages. S'ils devenaient turbulents, leur contingent annuel de thé ne leur était pas livré. Afin d'être sûr d'avoir des stocks suffisamment importants pour se procurer tous les chevaux pour l'armée, le gouvernement, pendant un certain temps, interdit à tous ceux qui étaient au-dessous du rang de mandarin de septième grade d'acheter du thé. Malgré cela, une pénurie de thé fut l'une des raisons pour lesquelles les tribus frontières se révoltèrent et instaurèrent un Etat indépendant dans la partie nord de l'empire.
Dans un sens, l'histoire du thé en Chine n'a pas besoin d'être contée après la période Song car, bien que cette dynastie se soit éteinte, il y a quelque sept siècles, bien peu de choses ont effectivement changé depuis lors dans les différentes manières de préparer et de boire le thé si ce n'est, dès le début de la dynastie Ming, I'adoption du thé en feuilles qui se répandit et qui s'est maintenue jusqu'à nos jours en tant que forme la plus utilisée. On pourra donc traiter plus brièvement la dernière partie de cette histoire. Après les Song, l'Empire fut gouverné par des Mongols pendant 84 ans. Puis apparut la dynastie Ming qui s'employa à faire revivre les gloires du passé. Sous son administration, une institution très importante, le Bureau du thé et du cheval, joua un rôle vital pour l'économie du pays. La demande de thé par les tribus des frontières était devenue si forte qu'il se rangea parmi les produits d'une importance majeure pour l'Empire, à la fois militairement et financièrement. Le Bureau - responsable du troc du thé contre des chevaux - fut mis sous le contrôle de fonctionnaires de très haut rang et, pour inciter les gens à cultiver suffisamment de thé pour pouvoir le troquer contre les chevaux nécessaires. L'impôt fut ramené au taux modéré fixé pendant la dynastie T'ang, c'est-à-dire à un centième de la récolte. Pour le reste, l'administration du thé suivit le modèle Song. Ce n'est que vers la fin de la période Ming que le thé arriva pour la première fois en Europe. Parmi les Européens suffisamment riches pour s'en offrir, certains furent enthousiastes, mais le bruit courut que le thé affaiblissait la vitalité d'un individu et qu'on l'exportait pour saper les énergies d'ennemis potentiels de la Chine! Cette croyance curieuse fait sourire, car il vint un temps où l'Angleterre en imposant l'opium indien en Chine sapa en fait les énergies d'un peuple qui aurait mérité meilleure récompense pour avoir donné le thé au monde entier.
Les traditions Song-Ming furent maintenues sous le gouvernement mandchou. Toutefois, l'ancien impôt sur le thé fut complètement aboli car l'on reconnut que le thé était devenu pour le peuple un produit de première nécessité au même titre que ceux traditionnellement exempts d'impôts, comme le sel, le bois de chauffage, le riz, la sauce de soya et le vinaigre
L' empereur Chinois K'hang Hi déclare en 1684 une certaine liberté de commerce extérieur. Ceci permet aux Anglais d'établir leur commerce par le biais de la East India Company. En 1600, cette compagnie reçoit de la Reine Elisabeth une charte lui accordant le monopole de l'ensemble du commerce oriental. Bientôt elle écrase les autres compagnies, hollandaises et francaises, et devient le principal exportateur de produits chinois en Europe. Initialement destinée au commerce des épices, l'East India Company voit la demande de thé augmenter de manière exponentielle. Au début du 18ème siècle, elle importe 20 000 Livres de Thé et ce chiffre passe à 2'000'000 de livre en 1750. Ces chiffres pourtant sont anecdotiques. De lourdes taxes ayant été instaurées par Olivier Cromwell, un puissant réseau de contrebande voit le jour et l'on estime qu'en 1775 seul un tiers du thé est importé légalement. Il faudra attendre 1783 pour que la taxe de 114asse à 12,5
La Chine accepte le commerce avec les "Barbares étrangers", mais considérant qu'elle leur accorde un grand privilège, elle impose d'importantes restrictions. Les commercants ne peuvent s'établir qu'à Canton, à certaines périodes de l'année et ne traiter d'affaires qu'avec les repésentants de la Co Hong, puissante compagnie des marchands chinois. Comme la Chine se considère autosuffisante, elle exige d'être payée uniquement en piastres d'argent provenant des colonies espagnoles d'Amérique. En 1810, on évalue ainsi qu'environ 350 millions de dollars mexicains ont été ainsi introduits en Chine depuis le 17 ème siècle. Voilà qui déplaît fort aux Anglais qui auraient préféré effectuer des échanges plutôt que de subir une telle sortie de capitaux. L'engouement grandissant des Anglais pour le thé oblige les Chinois à augmenter leur production. Le thé devenant plus rentable, les paysans Chinois convertissent leur plantations de coton en champs de théiers. Les Chinois doivent donc maintenant importer leur coton. Graduellement, les marchands anglais réussissent à échanger du coton provenant de leurs colonies indiennes contre des caisses de thé. En 1773, ils découvrent un autre produit bien plus demandé par les Chinois: l'Opium. Malgré les interdits de l'empereur, des milliers de caisses d'opium sont bientôt importées en Chine et son usage se répand dans toutes les classes de la société. L'Empereur tente en vain d'en enrayer l'importation. En 1839, une décision impériale décrète la fermeture de Canton aux étrangers. Les Anglais répliquent par le blocus de la ville, déclenchant ainsi la première des Guerres de L'Opium. L'armement nettement supérieur des Anglais leur permet de vaincre: en 1842, le traité de Nankin leur donne d'excellentes conditions, dont le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession d'une Ile, Hong Kong, afin d'y établir leur base commerciale.
THE ET SANTE
Depuis sa découverte, on a prêté au thé d'innombrables vertus médicinales. Les recherches actuelles témoignent d'ailleurs de la véracité d'affirmations énoncées depuis des siècles. Son atout majeur est d'être un produit complètement naturel, ne contenant aucun colorant, conservateur ou arôme artificiels. C'est aussi une boisson sans calories si on la prend sans lait ni sucre, qui peut jouer un rôle de régulateur physiologique.
Le thé est naturellement riche en fluor, qui renforce l'émail des dents et retarde la formation de plaques dentaires en éliminant les bactéries. Il prévient aussi les maladies de la gencive et les caries.
Des recherches menées sur les animaux suggèrent que la consommation de thé vert ou noir peut réduire les risques de cancer - en particulier cancer de la peau, du poumon et du côlon. On pense que les composants du thé noir peuvent avoir un effet antioxydant et empêcher ainsi la formation de substances cancéreuses dans les cellules du corps humain.
Plusieurs programmes de recherche menés ces dernières années attestent les actions bénéfiques du thé sur les affections cardiaques, infarctus et thromboses. La théine du thé agirait sur le cœur et le système cardio vasculaire comme un léger stimulant, et contribuerait ainsi à assouplir la paroi des vaisseaux sanguins, à éviter l'artériosclérose (le durcissement des artères). On pense également que les polyphénols du thé peuvent empêcher l'absorption de cholestérol par le sang et la formation de caillots.
La théine du thé strimule l'esprit en augmentant sa capacité de concentration et sa vivacité, et en permettant une perception plus fine des sensations, celle du goût et de l'odorat en particulier. Elle a aussi une action reconnue sur les sécrétions digestives et sur le métabolisme en général, y compris les reins et le foie, en contribuant à l'élimination des toxines et d'autres substances indésirables.
Le thé vert gage de santé
Des études épidémiologiques antérieures avaient fait pressentir les vertus anticancéreuses du thé vert. Le pourquoi n'était toutefois pas élucidé. Or, les chercheurs viennent de découvrir dans le thé vert une substance indibant une enzyme essentielle pour la progression du cancer .Pour leur croissance, les tumeurs nécessitent certaines enzymes capables de dégrader les tissus. Un représentant éminent de cette classe d'enzymes est l'urokinase, qui est produite en quantités importantes par la cellule cancéreuse. En l'inhibant, on parvient - du moins dans l'expérimentation animale - à réduire les tumeurs. Malheureusement tous les inhibiteurs de l'urokinase disponibles à ce jour entraînent de graves effets indésirables et n'entrent donc pas en ligne de compte comme substances thérapeutiques. Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont donc porté leur attention sur un constituant du thé vert, le gallate d'éplgal/ocatéchol-3 (EGCG), qui ne se trouve pas dans le thé noir. Une comparaison avec un inhibiteur d'enzyme connu a montré que l'EGCG a une efficacité cytostatique moindre que ce produit, mais qu'il peut être consommé en quantités bien plus importantes sans avoir d'effets toxiques .